« Vous, les Français, vous vous battez pour l’argent. Nous, les Anglais, nous nous battons pour l’honneur », aurait dit un jour un Anglais à Robert Surcouf, corsaire du roi.
« Oui, chacun se bat pour ce qu’il n’a pas », lui aurait répondit Surcouf.
De l’honneur, Jean Doublet n’en a pas manqué, indubitablement, tout au long de sa carrière de corsaire du roi, durant ces « 49 années passées sur les éléments du vaste océan ». Alors qu’il l’avait écrit pour que sa famille puisse conserver une trace de ses souvenirs, le manuscrit fut pendant longtemps tombé dans l’oubli. Les éditions du Voilier rouge ont retrouvé et décidé de rééditer ce Journal d’un corsaire de Louis XV dans un format très agréable (quelle qualité de papier !), esthétiquement superbe, et accompagné d’illustrations adaptées au récit, qui permettent d’aérer la lecture.
Jean Doublet est un corsaire normand du XVIIème siècle durant lequel il a parcouru le monde sur les mers en bravant tous les dangers. Le manuscrit présente un nombre d’aventures si important qu’il parait vain et impossible d’en dresser une liste exhaustive. C’est un ouvrage passionnant, témoin d’un monde disparu et épique. Du Canada à Madère en passant par Tenerife et Alger, l’immensité de la zone géographique abordée rend compte de la vie trépidante qui fut celle du corsaire normand. Le style très réaliste et narratif du manuscrit ajoute une force immersive époustouflante au récit de Jean Doublé.
D’ailleurs, toutes ces aventures révèlent l’image d’un meneur d’hommes aguerri, lui ouvrant même l’opportunité de servir dans la Marine royale. Il retrace la narration de péripéties incroyables, dans les mers déchaînées par le vent. Il évoque les affrontements contre des pirates, les risques de mises en esclavage, des combats sanglants et violents, des tortures inhumaines révélant une grande cruauté, des rencontres riches avec des personnalités de renom telles que Jacques II en fuite, le capitaine Keyser, le prince héritier danois, le duc d’York, Jean Bart et même un monstre marin !
Avec son équipage, piétinant des terres de plus en plus nombreuses, ils durent affronter les pires des adversaires, ceux contre qui la force ne peut rien : les maladies, lés épidémies, les éléments sans pitié de la nature…
Tout au long du livre, Jean Doublet et ses compères croisent le fer avec de nombreux ennemis. Soit qu’il soit prisonnier, soit qu’il capture lui-même ses adversaires pour en faire ses otages, le lecteur est excité à l’idée de découvrir la future rencontre, comme dans un grand roman d’aventures.
« Préférant la liberté à la vie », Jean Doublet a tout vu, tout vécu, tout vaincu. Quel bonheur que de voir de nouvelles maisons d’édition avoir l’audace et le panache de rééditer de tels manuscrits, et avec une si grande qualité éditoriale.
C’est un grand récit de voyage et d’aventures, une immersion totale au cœur du XVIIème siècle comme rarement il est possible d’en lire dans les ouvrages historiques classiques. L’authenticité de Jean Doublet en fait un narrateur attachant. Le lecteur se prend au jeu à remonter le temps, naviguant sur les souvenirs de cet homme qui, comme le lui affirma un jour un Espagnol qu’il croisait sur les mers :
« Vous ressemblez à notre Don Quichotte, qui se fait une aventure de tout ce qu’il voit ».
Jean Doublet, Journal d'un corsaire de Louis XIV, Éditions du Voilier Rouge.
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