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Mémo'art d'Adrien

Les nuits prodigieuses, d'Eva Dézulier


« _ Non, non, elle ne fait qu’aimer. Au fond d’elle-même, elle nous aime d’un amour vrai, pur, éternel et infini.

_ Et… c’est tout ?

_ C’est tout ».


Oui, c’est tout. Mais ce n’est pas rien.


C’est tout, dans le sens où l’amour ne s’explique pas. Il ne se décrit pas. Il ne se détaille ni ne se justifie pas. Il est tout. Il est radical. Il est, ou il n’est pas. C’est finalement quelque chose d’assez simple, l’amour. Une simple chose source de tant de choses complexes.


Le second roman d'Eva Dézulier, « Les nuits prodigieuses », titre si poétiquement prometteur, part de cette idée simple : l’amour débarque dans un village de montagne, situé à la frontière espagnole, à travers l’invention fantastique d’une machine à aimer par un jeune berger, Ange. C’est un réfugié espagnol, refoulé comme tant d’autres, qui lui confie clandestinement les plans de cette machine, en lui faisant promettre de la donner à son fils qui a réussi à passer la frontière.


Ange accepte, et fabrique cette machine impossible. Tel un miracle, elle aime. Elle réchauffe le cœur de son propriétaire, elle l’apaise par un amour simple et désintéressé.


Mais un tel amour risque de bousculer la vie de ce village, faite de légendes et de non-dits. L’amour fragilise l’équilibre confus de cette communauté qui, pour des raisons anciennes, ne peut quitter ces montagnes. L’amour est ce clandestin que les villageois ne peuvent refouler. Il vient hanter chacun d’entre eux, passant de main en main. La machine poursuit son infernale mission d’aimer. Jusqu’au drame final.


C’est une merveilleuse métaphore de l’amour, entre simplicité et complexité. C’est une fable douce et terrible qui trouve les mots justes pour évoquer la vie des Pyrénées, qui a su saisir l’angle idéal pour aborder la fraternité d’un village de montagne.


Par son style, par la fluidité de ses récits, par sa capacité à tracer les lignes de son roman en suivant la sève des arbres familiaux, Eva Dézulier s’impose déjà comme un des plus grands talents de la nouvelle génération de la littérature française.


C’est tout.


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