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  • Mémo'art d'Adrien

Martin Eden, de Jack London


"Il n'avait pas plus de mérite qu'avant. Il n'était pas différent". Ainsi Martin Eden réagit-il lorsque, le succès littéraire aidant, les invitations à diner pleuvent, les sollicitations fourmillent, les hypocrites se reproduisent.


Martin Eden est un chef d’œuvre. Sans le savoir, toutes ces années, nous étions faits l'un pour l'autre. Je rodais autour tandis qu'il m'observait. Je le guettais alors qu'il riait de moi. Mais qu'est-ce qui en fait un géant littéraire ?


"Qui es-tu Martin Eden ?" s'interroge-t-il alors qu'il vient d'être admis à la table de la haute bourgeoisie, qu'il fréquente une femme de ce monde, qu'il en tombe éperdument amoureux. C'est un roman sur le poids de l'appartenance à une classe sociale, les préjugés qui l'accompagnent, les difficultés de s'en extraire.


C'est aussi un roman sur les impostures et les postures : de ceux qui se croient établis, de ceux qui se prétendent supérieurs, de ceux qui s'imaginent cultivés. L'imposture d'un milieu littéraire risible qui, de peur de passer à côté d'un nouveau talent, laisse croire qu'il l'a perçu le premier.


"Il n'était pas différent". Martin évolue tout au long du roman mais ne change pas. Il reste l'être touchant, impulsif, rêveur et naïf du début du roman. Les rencontres, les déceptions et les conditions matérielles n'y changent rien.


"Elle contempla pour la première fois de sa vie le vrai visage de la pauvreté". Phrase si terrifiante et ô combien pathétique. Elle révèle l'abîme qui ne se referme jamais entre Ruth et Martin. Comme s'il devait y avoir un visage à la pauvreté. Comme s'il ne pouvait jamais s'effacer. Martin, lui, ne l'oubliera jamais.


C'est encore un roman sur l'écriture comme il y en a peu dans le panthéon littéraire mondial. Le lien viscéral qui rattache Martin à l'écriture, à l'art littéraire est puissant. Il n'abandonne jamais. Sa volonté et sa foi en son destin d'écrivain sont dévastatrices. Issu de quartiers pauvres, c'est un homme élevé par la littérature, qu'il aime profondément, qu'il ne trahit jamais, y compris quand, pour survivre, il écrit des textes pour des magazines qui n'ont d'autre but que de lui rapporter de l'argent.


De plus en plus déçu par les personnages issus des livres qu'il aimait tant, il en vient à mépriser ceux qu'il admirait, à délaisser ceux qu'il cherchait à séduire, à retrouver ceux qu'il avait abandonnés sur la route. Mais peut-on revenir vers ce que l'on a cherché à laisser derrière soi ? Là est le drame qui affecte Martin, seul, égaré entre ces deux mondes qui ne devaient jamais se rencontrer.


Et cette fin, aussi légendaire qu'un incipit, aussi émouvante que magnifique. Une fin mythique et poétique. Écrasante.


"Qui es-tu Martin Eden ?".

Tu es un chef d’œuvre. Tu as changé ma vie. Tu m'as bouleversé. Tu peux être fier de toi. Tu es Martin Eden. Merci:

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