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Mémo'art d'Adrien

Blanche terre verte, de Cédric Gouverneur




Prenez un contexte historique bien posé, mélangez-y quelques personnages charismatiques et attachants, et ajoutez une pincée d'intrigue rondement menée et cohérente, vous obtiendrez un excellent roman historique.


Cette recette, simple en apparence, est pourtant peu souvent suivie à la lettre, et les bons romans historiques se font de plus en plus rares. C'est pourquoi le livre de Cédric Gouverneur, Blanche terre verte, est une véritable et bienheureuse surprise !


Pour résumer le roman, ce dernier raconte l'histoire d'une colonie d'anciens Vikings installés, vers l'an Mil, sur une terre qui deviendra le Groenland, et qui développent, pour survivre, le commerce d'ivoire de morse, de dents de narval et de faucons dressés. A la fin du XIVème siècle, ces colons sont peu à peu oubliés par le reste du monde, tourné davantage vers l'orient et vers le sud. L'ivoire de morse ne vaut plus grand chose, concurrencé par l'ivoire d'éléphant, plus facile à acquérir. Leur destin semble être de disparaître, dans l'indifférence généralisée.


Face à une telle situation, tous les personnages du roman vont réagir différemment, et c'est justement cet aspect qui m'a passionné dans ce roman. Certains comprennent qu'il faut s'adapter, évoluer, pour survivre, tandis que d'autres membres de la colonie refusent d'admettre la réalité, et continuent de penser que les navires commerçants reviendront, et que les prochains seront plus généreux. D'autres personnages, encore, profitent de cette impasse pour remettre en question l'organisation politique de la colonie, la répartition du travail et des richesses, le statut de chacun.


La force de ce roman historique est ainsi dans son universel. Chaque époque, et la notre ne fait pas figure d'exception, rencontre, nécessairement, des crises, des moments où l'impression que le monde bascule est grande. A travers les personnages du roman de Cédric Gouverneur, se joue devant nos yeux le débat de toute société ou de toute civilisation confrontée à ce genre de points de rupture : comment s'adapter pour ne pas disparaître ? Mieux vaut-il s'acharner à lutter jusqu'au bout, ou nier le danger, au risque de disparaître ?


A cet enjeu fondamental vient s'ajouter celui de la religion. La colonie est devenue chrétienne, ayant totalement abandonné l'ancienne religion païenne, le culte à Odin et à Thor. Or, certains évènements du roman vont faire rejaillir les anciennes traditions, et cette confrontation entre un ancien culte retrouvé et un nouveau culte prédominant constitue une immense originalité et un très grand intérêt.


L'un des points forts du roman est d'ailleurs de montrer, à cette époque, que les informations arrivaient par le biais des navires marchands, de manière forcément inactuelle et incomplète. C'est particulièrement le cas concernant les informations relatives à la lutte entre les papes français et italiens à la fin du XIVème siècle. Le roman le montre brillamment.


Un autre aspect intéressant du roman de Cédric Gouverneur se trouve dans la découverte du Groenland, et du peuple des Inuits, leur culture, leurs mœurs, leurs us et coutumes. L'auteur s'est déjà rendu sur place, et cela se ressent ! Les passages où le livre décrit la rencontre entre colons et inuits sont fascinants. L'incompréhension totale entre ces deux peuples, symbolisée par la barrière de la langue, se dégage des pages du roman. Le réalisme de l'apprentissage progressif de la langue des Inuits par l'un des héros est proprement admirable !


En conclusion, je vous encourage prestement à lire ce roman de Cédric Gouverneur. Je ne me suis à aucun moment ennuyé durant la lecture des 400 pages du livre. L'intrigue est passionnante et pleine de rebondissements. Le roman est réaliste, aucun passage ne semble exagéré, les réactions des personnages sont cohérentes et se comprennent aisément (ce qui est très difficile à réaliser dans un roman). Par ailleurs, et c'est une prouesse dont je suis admiratif, l'auteur fait découvrir au lecteur la culture du Groënland et des Inuits de manière subtile et indirecte, à travers les dialogues ou à travers certains éléments utiles au récit. Il épargne ainsi au lecteur des pages et des pages de présentation en début de roman, ce qui peut avoir pour effet négatif, bien que partant d'une noble intention, de perdre le lecteur dans un nombre excessif d'informations qui ne sont pas toutes nécessaires à la bonne compréhension du roman.


Blanche Terre verte est un excellent roman historique, bien assaisonné, et j'ai hâte de lire le prochain livre de son auteur !


Par Odin et par Thor !




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