top of page
Mémo'art d'Adrien

Carthage, de Khaled Melliti


A la suite de la destruction de Carthage par Rome, la disparition des écrits puniques a eu pour conséquence logique que la représentation de Carthage nous a été imposée par les penseurs grecs et romains.


« Les auteurs gréco-latins témoignent de faits en rapport avec Carthage selon leur propre point de vue et leur propre environnement social et culturel ».


Par conséquent, ces littératures révélaient une image partiale de leur ennemi. Plus tard, le roman Salammbô de Gustave Flaubert incarnait une perception négative encore persistante à la fin du XIXème siècle.


Ce sont des études archéologiques et une documentation scientifique récente qui permettent de mieux comprendre ce qu’était la civilisation carthaginoise. Dans son ouvrage complet et précis, Khaled Melliti a entrepris de retranscrire cette historiographie afin de dévoiler l’ancienne cité de Carthage sous un autre jour et de construire une autre image de cette ancienne puissance.


L’auteur, Docteur en sciences historiques, s’attache à nous faire redécouvrir l’héritage punique depuis son avènement jusqu’à sa chute et nous dévoile son empreinte culturelle en Afrique romaine.


Cette mise en perspective laisse entrevoir des échanges et décrit les interactions culturelles de Carthage avec d’autres peuples, dont leur rivaux et partenaires grecs. La métropole punique n’était pas que « solidement adossée à l’héritage phénicien » mais aussi ouverte aux apports hellénistiques. En effet, l’ouvrage démontre qu’il est apparu nécessaire de se réformer structurellement face à la menace romaine et, ainsi, affirmer ses volontés hégémoniques : « la sensibilité carthaginoise à la chose hellène est une réalité qu’il n’est plus possible de remettre en cause ».


De plus, la puissance carthaginoise, présentée par la littérature classique comme maritime et commerciale, était aussi « terrienne ». Les liens entre Carthage et son arrière-pays étaient importants et prolifiques. L’art phénico-punique a été réduit à une imitation des cultures fréquentées par la culture sémite alors que l’habilité et le raffinement des artisans étaient considérables. Sa grande maitrise dans la construction navale lui procurait la plus grande puissance maritime du monde.


Ainsi, les guerres puniques voient s’affronter deux grandes puissances rivales : Carthage et Rome, face à un monde grec déclinant. La méditerranée occidentale devient le théâtre d’affrontements en trois actes que Montesquieu percevait comme « le plus beau spectacle que nous ait fourni l’antiquité» (considération IV).


L’approche de l’auteur, à la lumière d’une nouvelle contextualisation culturelle et historique, nous permet de mieux comprendre la géopolitique de la méditerranée occidentale à cette période. Enfin, loin des préjugés ancrés depuis des siècles, elle nous éclaire sur le fonctionnement, les gloires et les errances de cette civilisation.

79 vues0 commentaire

Comments


bottom of page