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Mémo'art d'Adrien

Histoire des enfants, de Eric Alary




L'article ci-présent, consacré à L'Histoire des enfants, écrit par Eric Alary et publié par les éditions Passés composés, a été pensé et rédigé en collaboration avec mon épouse, laquelle doit être assurée de ma tendre reconnaissance pour tout ce qu'elle fait pour ce blog.


L’histoire des enfants est un excellent ouvrage qui permet d’avoir un regard général sur l’évolution du statut de l’enfant, un objet devenu sujet : d’une réification à une personnification. Il montre en particulier comment les progrès techniques, économiques et démocratiques ont permis de faire de ces anciens invisibles, de simples bouches à nourrir et des bras pour les travaux, un véritable acteur dans la société.


L’ouvrage explique que c’est à partir des années 1890 que la République s’intéresse au sort des enfants, tandis que jusqu’alors c’était un objet strictement familial, comportant dès lors l’idée d’un destin tout tracé. Ce qui nous a particulièrement plu dans cet ouvrage, c’est qu’il aborde, de manière très inédite, certains aspects privés de la vie des enfants, tels que leurs jeux, qui sont aussi le miroir d’une époque.


C’est un ouvrage qui fera date car, jusqu’alors, il existait des histoires sectorielles ou spécifiques à une époque mais jamais un tel travail historique global sur l’enfant, tant sur son statut privé que public. Un des grands apports du livre de Éric Alary est qu’il démontre l’impact de la politique de scolarisation à partir de la IIIe République, tout en n’omettant pas les disparités liées à l’origine sociale et géographique ou au sexe de l’enfant.


Les développements liés à la santé de l’enfant et à l’accroissement de l’intérêt porté à ce domaine nous ont passionné, à travers la naissance de l’ère de la puériculture notamment. L’enfant, ainsi, se définit au fil des siècles à partir de son étymologie, « celui qui ne parle pas »(Xe siècle), pour ensuite devenir une âme à sauver (Moyen Âge) avant d’être enfin pris en compte progressivement (siècle des lumières puis romantique).


L’ouvrage illustre à quel point la guerre 14-18 fut une rupture dans l’histoire des enfants : l’annonce d’une cellule familiale éclatée, l’accroissement du travail, l’orphelinat, la famine, la propagande, etc. L’historien insiste sur l’importance de l’entre deux guerres qui change son regard sur l’enfant avec l’apparition de la catégorie de pupille de la nation : « Plus rien ne sera comme avant ».


L’entre deux guerres est particulièrement difficile pour les jeunes filles sur qui la pression de la politique nataliste apparaît particulièrement intense. Ces développements sont passionnants ! Toutes les pages sur l’entre deux guerres sont d’une immense richesse d’ailleurs !


La seconde guerre mondiale n’échappe pas à l’analyse de l’auteur, qui montre que les problématiques sont relativement proches que pour la première guerre : des difficultés pour se nourrir et problèmes de santé, ne manquant pas d’impact pour leur développement physique et moral. Le caractère inédit de cette guerre est, évidemment, la déportation de masse qui touche également les civils, dont les enfants, ce qui marque une rupture brutale et définitive avec les précédents conflits.


Les décennies ayant suivi la guerre sont marquées par l’aspiration du droit, national et international, à créer un vrai statut de l’enfant, accompagné d’une politique de protection de l’enfance accentuée.


Pour conclure, nous vous recommandons vivement la lecture de cet ouvrage, pour sa clarté, pour l'originalité de son approche de l'histoire des enfants, et pour l'immense richesse de ses apports, permettant de mieux saisir les enjeux liés à la politique contemporaine de l'enfance.


« Les enfants sont le reflet et le produit de leur environnement. Ils sont façonnés par leur temps et les mœurs de la société dans laquelle ils vivent ».


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