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Mémo'art d'Adrien

La dernière veille des dieux, de Aurélie Haderlé




Un très beau titre et une très belle couverture ne présagent rien du contenu d'un roman, mais constituent une invitation à la lecture de cet ouvrage qui aborde la mythologie Viking de manière originale. C'est un roman qui oscille entre le roman historique et le roman d'heroic fantasy. Il emprunte aux deux genres. Cela peut comporter le risque de déstabiliser les passionnés de chacun des genres, mais, bien équilibrée, une telle idée peut s'avérer un pari gagnant. Qu'en est-il de La dernière veille des dieux ?


Pour résumer l'ouvrage, les prémices du Ragnarök semblent se rapprocher pour les Vikings, condamnés à disparaître petit à petit, en particulier face à la menace chrétienne qui souhaite dissoudre les cultures païennes. Au milieu de ce chaos, Didrik, jeune viking rebelle et doté de pouvoirs extraordinaires, semble ne pas se résigner au destin funeste de son peuple, et accepte de jouer le rôle que lui ont confié les Dieux pour sauver leur civilisation.


Pour ma part, je suis autant adepte de romans historiques que d'heroic fantasy, et j'ai passé un très bon moment avec ce roman. L'écriture est soignée et irréprochable, l'intrigue est intéressante, bien menée jusqu'au bout, et les différents personnages ont chacun leurs spécificités, aucun ne jouant un rôle superflu et n'étant là que pour faire de la figuration. En dehors de quelques passages du livres où la réaction de certains personnages m'a surpris, l'ensemble est cohérent et les quelques 250 pages se lisent très aisément, très fluidement. J'avais très envie de connaître la fin du roman, ce qui est bon signe, et de savoir si le héros principal avait fait les bons choix ou non.


J'ai surtout été très enthousiasmé par la seconde partie du roman, à partir de la rencontre avec le roi Olaf, et la découverte de son projet d'unification de tous les clans vikings sous sa seule bannière, mais dans un but pacifique et selon les principes de la religion chrétienne, sans remettre en cause le droit de chaque viking de pouvoir continuer de pratiquer son ancienne foi. Cette rencontre est un véritable basculement pour tous les personnages, qui doivent faire un choix entre leur passé et un avenir incertain. Chacun doit décider s'il peut accorder sa confiance à ce roi. L'auteure entretient le suspens jusqu'aux dernières pages, qui révèlent enfin toute la lumière sur les doutes ressentis par le lecteur lui-même.


L'intérêt historique de ce roman réside dans la christianisation de l'Europe par les Francs à la fin du premier millénaire de notre ère, et de la disparition progressive des anciennes religions dite païennes, en l’occurrence les Vikings et leurs différents Dieux, dont le titre évoque justement la dernière veille, leur ultime tentative de demeurer dans le cœur et dans l'esprit des hommes.


Un autre enjeu est celui d'appréhender les différentes réactions des Vikings du nord de la Norvège, condamnés à disparaître dans le froid de l'hiver éternel, mais refusant, pour une partie d'entre eux, d'adapter leur mode de vie, de se déplacer géographiquement. Ils préfèrent mourir plutôt que de trahir le mode de vie Viking, ils choisissent l'honneur de la mort que le déshonneur de devenir commerçants. D'autres, au contraire, pour survivre, sont prêts à s'adapter, à évoluer. Cette confrontation entre les deux catégories d'individus est très intéressante dans l'ouvrage.


Le roman est par ailleurs très exhaustif dans la présentation de la culture Viking, avec un lexique fourni (l'auteure a pris le soin d'inclure à la fin de son roman un lexique des termes employés, ainsi qu'une présentation de chaque personnage, ce qui est chose bienvenue pour ce type de romans) et des recherches poussées quant aux institutions, aux traditions et aux rites des Vikings. Un seul petit regret peut-être : le roman le fait parfois mais pas tout le temps, il intègre la présentation de la culture dans l'intrigue et au service du roman. J'ai regretté que l'auteure n'ait pas procédé ainsi tout au long du roman, car c'était une excellente idée !


L'aspect heroïc fantasy du roman est également très présent, avec des pouvoirs surnaturels attribués au héros, des combats épiques, des transformations bestiaires et des interventions divines. Cela donne parfois au roman un côté très surnaturel, époustouflant mais, fort heureusement, le roman ne devient jamais caricatural sur cet aspect, ce qui était le risque, et l'équilibre entre la part de réalisme et la part de fantastique est maintenu tout au long du récit.


En conclusion, je vous conseille de lire La dernière veille des dieux, si vous êtes passionné par le roman historique et l'heroic fantasy. C'est un roman court et qui se lit vraiment rapidement, tant l'action est véloce et donne envie de poursuivre sans s'arrêter. Les dernières pages du livres donnent la clé de l'énigme du titre, ce qui est une bonne raison de lire ce roman jusqu'au bout !


Par Odin et par Thor !


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