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  • Mémo'art d'Adrien

Le sang de la cité : Capitale du Sud, de Guillaume Chamanadjian


L’article de ce jour est consacré à un genre romanesque qui a rythmé mon histoire commune avec la littérature : le roman de l’imaginaire. Parmi mes premiers coups de cœur littéraire, il y eut Le Seigneur des anneaux. J’avais dix ans, et je découvris, grâce à ce genre, la puissante magie que pouvait avoir le livre sur notre imagination. Privé d’image, mon cerveau s’obligeait à s’inventer les formes et les couleurs de ce monde créé par Tolkien, un univers composé d’elfes, de nains, de hobbits, de seigneur des ténèbres et de mages puissants.


Depuis, régulièrement, je prends un plaisir immense et vital à me plonger dans ce genre, au même titre que la lecture d’un roman dit « classique » ou d’un essai historique. C’est un souffle nécessaire pour mon imagination, une séance de gymnastique intellectuelle inégalable pour mes neurones. C’est ainsi que j’affectionne, tout particulièrement, des auteurs comme David Gemmel, David B. Coe, Terry Pratchett, ou, récemment, Jean-Philippe Jaworski.


Indéniablement, et dès son premier roman, Guillaume Chamanadjian s’inscrit dans cet héritage, et intègre cette liste des auteurs de l’imaginaire qui auront marqué mon esprit. Avec Le Sang de la Cité, premier tome de son cycle « Capitale du Sud », l’auteur signe un premier roman parfaitement ficelé.


Pour le résumer, c’est l’histoire de Nox, commis d’épicerie sur le port de la Cité de Gemina, une immense mégalopole composée de plusieurs duchés. Il est lié à l’une des maisons de la Cité, la maison de la Caouane, dirigée par un seigneur aux intentions plus qu’énigmatiques. Un événement va déclencher pour Nox d’immenses bouleversements, et le plonger à la fois dans une dimension sombre et magique de la Cité, ainsi que dans un tourbillon d’enjeux politiques, économiques et de complots stratégiques.


Les personnages sont très attachants. Les dialogues sont épicés et cintrés d’un humour cinglant ainsi que d’une poésie élégante. Surtout, la raison pour laquelle ce roman est une immense promesse d’un espoir de l’imaginaire français est que l’auteur réussit à accorder à sa Cité un véritable rôle littéraire. Elle n’est pas qu’un simple cadre des aventures de Nox. L’architecture de ses bâtiments, la structure urbaine de ses rues font partie intégrante du récit et ont un impact sur l’intrigue. C’est un pari audacieux, très rarement tenté, et parfaitement réussi dans ce roman.


Ayant très aimablement accepté de répondre à quelques questions, l'auteur m'expliqua que la Cité s'inspire de la ville de Sienne, en Italie, "avec sa géographie découpée en contrade (quartiers) chacun aux couleurs d'un animal emblématique et son pallio, c'était un décor rêvé pour une histoire de fantasy. J'ai par la suite agrandi la ville pour en faire Gemina, et l'ai mélangée à d'autres villes emblématiques : Marseille, pour le côté portuaire et les venelles étroites du Panier, Venise pour son côté labyrinthique".


L’histoire est palpitante et passionnante, pleine de rebondissement jusqu’aux scènes finales au dénouement extraordinaire. J’ai mis du temps à m’en remettre. Je doute d’y être vraiment parvenu. L’entremêlement de l’histoire personnelle de Nox et de celle de la Cité, l’enchevêtrement de son parcours et des stratégies économiques et diplomatiques de son seigneur, l’éloge de l’amitié, le conflit entre le privé et le public, autant d’ingrédients qui placent ce roman sous le haut patronage d’un maître du roman historique et d’aventure, Alexandre Dumas (ou encore d'un auteur pour lequel j'ai une grande admiration, Umberto Eco).


Par ailleurs, le roman parvient à acquérir une véritable identité imaginaire. Il est impossible, pour le lecteur, de situer le récit dans une époque en particulier, si bien que l'histoire pourrait se dérouler au début de la renaissance tout autant qu'à la fin des temps modernes. Bien que le romancier ait admis s'être naturellement inspiré de quelques périodes de l'histoire ("je me suis un peu inspiré de la situation politique de Florence au moment de la chute de la République. Même s'il y a encore un semblant de démocratie dans la Cité, le pouvoir se concentre de plus en plus entre les mains d'une seule famille. Certains éléments de la Rome antique sont également présents, notamment dans les aspects culturels de la ville : importance de la rhétorique dans l'éducation, de la poésie..."), il fait en sorte de brouiller les pistes afin d'entretenir la confusion quant à la possibilité de s'arrêter sur une époque en particulier.


Après le Sud, direction le Nord. Car le roman de Guillaume Chamanadjian n’est que le début d’une belle et prometteuse aventure. En compagnie de Claire Duvivier, l’idée est de créer deux trilogies parallèles formant une unique saga de six tomes, La Tour de garde. Ce « sang de la cité » n’est que le premier tome de la Capitale du Sud. Claire Duvivier, de son côté, signe « Citadins de demain », premier tome de « Capitale du Nord ».


Sans hésiter, les Mémo’art d’Adrien mettent le cap vers le Nord, et graviront peu à peu la Tour de garde. Les passionnés de Fantasy rêvaient d’une telle saga en France. Il serait si cruel d’en être déçus. Personnellement, j’ai très envie d’y croire. Et cela commence très bien !

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