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  • Mémo'art d'Adrien

Le visage de nos colères, de Sophie Galabru

Dernière mise à jour : 18 févr. 2023



« La colère est une flamme qui réchauffe ce qui se meurt dans la froideur du non-dit, une étincelle qui ranime ce qui gèle dans une société ».

L’ouvrage de Sophie Galabru, Le visage de nos colères, peut être lu et interprété comme une allégorie de ce sentiment si empêché et pourtant si précieux. Si empêché parce que si précieux, devrais-je plutôt écrire.


Une allégorie de la colère, en ce sens que l’ouvrage se lit comme une flamme, une étincelle, qui éveille en nous des pistes de réflexions insoupçonnées. Il oblige à mieux réfléchir, à repenser les rapports politiques et sociaux sous le prisme de ce sentiment qui a longtemps été caractérisé « par une histoire entourée de gêne ou d’illégitimité ». L’ouvrage, comme la colère, « est une ressource de la vitalité », « un déraillement de la sensibilité », dans la mesure où la philosophe énonce clairement une pensée propre à renverser la logique lassante de nos sociétés modernes, celle qui consiste à exiger des individus des « efforts inopérants à demeurer content[e] malgré tout ».


Le projet de Sophie Galabru est ambitieux et insolite : raconter la philosophie de la colère, « philosophie qui prend d’abord la forme de l’histoire de son empêchement ». En contournant cet empêchement, le projet philosophique de cet ouvrage serait de s’affranchir de la conviction moralisatrice selon laquelle la conflictualité serait nécessairement un échec relationnel, d’accepter et de vivre avec cette conflictualité, en comprenant la colère des autres.


Quelques considérations générales vont dès lors être suivies de réflexions approfondies sur des points particuliers. Pour les besoins de cet article, j’ai pu échanger avec l’autrice. La conversation fut particulièrement enrichissante. Elle a permis d’éclairer quelques passages du livre et de confronter quelques-unes de mes interprétations avec sa vision du sujet. Je l’en remercie très vivement. Ainsi, l’article ci-présent comprendra des citations issues de l’échange que nous avons eu. Pour des besoins de clarté et de compréhension, ses propos tirés de l’entretien seront en italique. Les citations en écriture normale sont quant à elles des extraits du livre.


UNE APPROCHE PHILOSOPHIQUE ET ESTHÉTIQUE DE LA COLÈRE



L’ouvrage de Sophie Galabru présente plusieurs avantages : il est clair, pédagogique, les arguments sont dénués d’ambiguïté et sont démontrés avec cohérence au profit de sa thèse. « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément », écrivait Nicolas Boileau. Le visage de nos colères constitue une parfaite illustration de cette maxime.

Surtout, de plus en plus rares sont les essais, qu’ils soient philosophiques, historiques ou politiques, à accorder de l’importance au style de la langue employée. De nos jours, l’élégance du langage, dans un essai, est considérée comme mineure. C’est, à mon sens, une erreur, car l’histoire ne retient pas les grands textes philosophiques et politiques uniquement pour les idées défendues, mais aussi pour la beauté et la clarté du texte. Sophie Galabru, pour le plus grand bonheur du lecteur, réhabilite l’importance de l’esthétique et du sensible au service de l’idée. L’esthétisme semble faire partie intégrante du projet défendu, et cela se ressent de par la qualité linguistique des lignes, de la première à la dernière page, de telle sorte que l’ouvrage est un objet tant philosophique que littéraire. Les citations de l’ouvrage qui seront mentionnées dans cet article vous permettront d’apprécier cette qualité.

D’ailleurs, dès l’introduction, l’autrice fait le lien entre son expérience personnelle (« la colère m’a changée » constituant au passage un formidable incipit) et la thèse qu’elle souhaite soutenir, montrant, dès les premières pages, le ton linguistique de l’ensemble du livre :


« J’ai osé sentir ce refus d’adhérer à ce qui m’avait abîmée, j’ai éprouvé une détermination à repousser ce qui tenterait encore de m’amoindrir et, par là, je suis entrée en sympathie avec d’autres colères ».

Lors de notre entretien, la philosophe a confirmé ce souci esthétique :


« J’ai voulu travailler le style de l’ouvrage non seulement pour qu’il soit clair et lisible mais aussi pour essayer d’exprimer ma sensibilité et de l’incarner dans mon écriture. C’est un ouvrage philosophique qui a cherché à atteindre une dimension littéraire ».


LA COLÈRE : FOLIE OU VITALITÉ ?


S’écartant de la doxa généralement défendue, Sophie Galabru distingue la folie et la colère, et démontre que le lien est volontairement et confusément établi, afin de discréditer la colère. Elle rejoint, sur cette idée, Marguerite Duras, selon laquelle « la colère dérange tout autant que la folie, peut-être parce qu’elle semble en être l’euphémisme, l’anti-chambre, l’astre connexe. Mais par sa colère, une femme ou un homme se défend de quelque chose qui blesse sa dignité ou menace son territoire ».


Durant notre entretien, Sophie Galabru a confirmé cette confusion volontaire entre folie et colère afin de décrédibiliser cette dernière : « Dans son Histoire de la folie, Michel Foucault écrit d’ailleurs que les livres d’internement utilisent le mot furieux, fureur, un terme technique qui entretient un flou, une violence mais qui ne peut s’assimiler au crime. C’est une région indifférenciée du désordre. Il se situe en deçà de la condamnation juridique mais il permet quand même l’internement psychiatrique ».



L’ouvrage démontre par ailleurs que la colère se distingue de la haine, qui est une passion, alors que, comme le rappelait Aristote, la colère est une émotion fondée et rationnelle. La colère n’est d’ailleurs pas davantage un caprice, un pêché d’orgueil, ou encore une hystérie.


A l’inverse, Sophie Galabru « pressent » (preuve supplémentaire de l’importance accordée à la sensibilité dans sa pensée) que la colère « est une ressource de la vitalité », un « désir de vivre », une « jouissance » et une « puissance d’exister ». Elle a « le pouvoir de rompre la violence des moqueries et de l’hypocrisie sociale ».


Lors de notre entretien, j’ai souhaité savoir s’il était possible de rapprocher ce désir de vitalité de la philosophie nietzschéenne :

« Oui, c’est exact. Mais, d’ailleurs, le surhomme chez Nietzsche a deux comportements. Il est celui qui a assez de plasticité et de souplesse pour spontanément faire part de sa rage et de sa colère, contrairement à l’homme du ressentiment qui retourne sa pulsion contre lui-même et en crée de la rancune. Le surhomme a l’audace et la noblesse de la conflictualité. Ou alors c’est la possibilité de l’oubli, la capacité de rebondir. D’être indifférent à l’offense. C’est une idée encore plus belle que le pardon, c’est une force vitale incroyable ».


La colère s’apparente également à la douceur, l’auteure citant à ce sujet Aristote, pour qui « le doux est capable de s’énerver correctement, comme d’excuser quand il le faut ».


EMPÊCHER LA COLÈRE


Dans une formule sublime orchestrant une nouvelle fois le rôle essentiel des sens dans sa pensée, Sophie Galabru écrit que la « dévalorisation de la colère parfume l’atmosphère ».

De toute évidence, l’ouvrage a comme immense qualité de ne pas jeter une pensée sans essayer de convaincre le lecteur. De nombreuses pages sont consacrées à présenter les stratégies de discréditation de la colère et de l’affect. Déjà, dans son De la colère, titre explicite s’il en est, Sénèque la critiquait très sévèrement. L’histoire de la philosophie est l’histoire d’un empêchement de la colère, d’une volonté de la rendre illégitime, en particulier celle des classes sociales inférieures.




Une question me parut intéressante : les classes dominantes peuvent-elles éprouver de la colère ?


« Oui, les dominants peuvent évidemment éprouver de la colère, me répondit la philosophe, mais pour eux, exprimer la colère est quelque chose de plus aisé. Encore que, je ne crois pas que l’on se mette en colère dans les milieux bourgeois, car c’est mal perçu, cette émotion est associée à l’injustice, la revendication, voire la révolte contre l’ordre du monde. Elle est assimilée aux classes dominées ou encore populaires ».


A travers les multiples injonctions et conseils tendant à infuser l’idée qu’il n’est pas bon de se mettre en colère, « il s’agit de dire, tacitement, que la colère est une émotion inutile, une excroissance malheureuse. Cela revient à nous faire croire que le bien-être ne se conquiert qu’à partir d’une somme de plaisirs. Or et paradoxalement, il est parfois des épreuves qui nous aident à le conquérir ».


En lisant cet extrait, je me suis demandé si cet éloge des plaisirs, ainsi que ce rabaissement de la colère, étaient liés à ce qui caractérise, en partie, notre époque, à savoir un certain règne de l’hédonisme et du loisir, et une disparition relative du sens du tragique et de la gravité :

« En effet, nous sommes dans une ère de l’éros, du désir de plaire, de séduire, d’être comestible autant que cosmétique. La place qui pouvait avoir été faite à l’honneur, à la fierté, à la reconnaissance, toutes ces valeurs sont balayées ou minorées, considérées comme risibles. Pire encore, les êtres qui s’en prévalent sont déconsidérés car non attrayants et attractifs, ils brisent l’ère du divertissement », me répondit l’auteure du Visage de nos colères.

La philosophe démontre qu’à force de ne plus oser se mettre en colère, l’homme atteint le stade de l’être médusé, de la sidération, conduisant à des silences honteux mais nécessaires pour esquiver les épreuves :


« la colère manquée n’est pas seulement le silence de la peur et de la soumission, de la sidération et du choc. Il est aussi des silences de lâcheté ».

Néanmoins, si l’on se faisait « l’avocat du diable », l’on pourrait se demander si toute colère est justifiée, si le danger n’est pas de valoriser la colère permanente, au point de lui faire perdre sa force vitale. Je me permis d’interroger Sophie Galabru à ce sujet :

« Je me situe du côté d’Aristote. Savoir se mettre en colère est une vertu. Un juste milieu. C’est à la fois une forme de radicalité et de justesse. Savoir se mettre en colère et l’assumer est tout un art, cela demande une précision et une perfection. Pas entre un tout et un rien, mais à quel moment, avec qui, comment ? Il faut savoir l’être avec une étude approfondie des circonstances, pour savoir développer cet art parfait et juste ».


LES ENFANTS DE LA COLÈRE


L’ouvrage consacre des pages très intéressantes à la colère des enfants, souvent discréditée et symbole de l’empêchement de cette émotion démontrée précédemment. Une telle colère peut s’expliquer par « l’absurdité d’une existence dont le sens n’apparaît pas » (Albert Camus), par la violence du monde, la difficulté du « métier de vivre », selon la sublime expression de Cesare Pavese. La colère de l’enfant, comme l’écrit Rousseau, est une marque innée de l’injustice.



Cesare Pavese

Or, la famille a tendance, dans certains cas, à décupler cette violence de la naissance, en étouffant cette colère par l’autorité, en relativisant les difficultés de la jeunesse actuelle pour brimer leur colère : « Comme le disait le philosophe Gilles Deleuze, la relativisation fait comme si l’absolu de chaque problème n’existait pas. Rien n’est relatif, tout est absolu quand nous souffrons ». Sophie Galabru rappelle que Michel Foucault « a montré que l’école a été conçue à la manière d’une institution « disciplinante » voire carcérale reconduisant une forme de violence – la hiérarchie, l’enferment du corps, la soumission physique et mentale ».


Cependant, sur ce sujet, il me semble que, si la colère de l’enfant est évidemment légitime et audible, le but de l’éducation est justement d’enseigner à l’enfant, sans qu’il n’y ait là volonté de le soumettre, à maîtriser ses émotions, à ne pas être dépassé par ses passions.


La réponse de Sophie Galabru fut intéressante : « Il y a plusieurs types de colère chez l’enfant, celle de la séparation d’avec les parents, mais aussi une colère de frustration quand des éléments lui résistent, qu’il atteint des limites. Il faut l’aider à comprendre sa colère et sa légitimité plutôt que de la mépriser car cela donne l’impression que l’on va balayer l’origine de sa colère qui peut être très compréhensible ou légitime. Il faut l’aider à comprendre qu'il est normal, d’être patient pour atteindre ses buts ».


PROPOSITION D’UNE PHILOSOPHIE VITALISTE DE LA COLÈRE


Les pages consacrées à cette philosophie d’une émotion défendue figurent, à mon sens, parmi les meilleures de l’ouvrage. Je vais tâcher d’en extraire quelques fragments particulièrement intéressants ou sujets à débat mais, pour en saisir l’immense portée philosophique et la sensibilité esthétique, je vous invite très sincèrement à lire cette partie dans son ensemble.


La colère est présentée comme étant de nature à nous indiquer « ce qu’il est heureux de désirer ou ce qu’il nous faut repousser pour parvenir à renouer avec notre joie ». L’auteure prend l’exemple du film Fight club dans lequel les luttes physiques permettent de retrouver la vitalité. La sensibilité de la colère se révèle également à l’étrange chose qui implique que nous « aurions plus de faciliter à répliquer ce qui nous heurte physiquement que symboliquement : il est plus simple de s’emporter dans le métro que de défendre nos droits ».


« Quand un corps est heurté, on ne doute plus de la raison de sa colère : elle est sensible et sentie ».




Sont également évoqués, dans cette partie, les surprenants ateliers de bienveillance et de bien-être organisés par les entreprises qui ont en réalité pour finalité de « divertir votre colère ». Ils culpabilisent toute expression de colère ou de sentiment d’injustice, qui peut nuire au groupe. Mais l’individualisme ne peut-il pas nuire à l’individu en l’encourageant à ne percevoir que sa propre colère, sans essayer de comprendre celle des autres ?

« Je fais de plus en plus la distinction entre égoïsme et individualisme, me répondit Sophie Galabru. On peut être individualiste, c’est-à-dire ne pas supporter les visions claniques, parce qu’on est très attaché à sa liberté, tout en étant tout à fait ouvert sur les autres. On peut à l’inverse être très conformiste, attaché à son groupe et être très égoïste. Être individualiste, c’est considérer que la vie individuelle a une valeur et vouloir la créer sans cesse. L’individualisme est fondamental ».


COLÈRE AUTHENTIQUE OU COLÈRE SUR COMMANDE ?


La philosophe aborde également la question de la sincérité de la colère, à travers le rôle des artistes. S’il n’est pas étonnant de « trouver parmi les artistes des êtres enragés, sensibles à un silence » qu’ils trouvent odieux, l’ouvrage rappelle également qu’il est des artistes qui mettent en scène leur colère, prenant l’exemple d’un artiste cassant volontairement, et avec une précision étonnante, des objets. D’ailleurs, la colère retranscrite par écrit, égarée dans les lignes d’un livre, comporte le risque de perdre son effet. Mais elle peut « susciter des rages blanches et muettes ».


« L’art est un medium qui exige aussi la médiation ; mélange éprouvant pour qui œuvre dans l’exaspération ». Par cette idée, Sophie Galabru entend démontrer que l’expression de la colère par l’artiste permet à chacun de se projeter et de vivre sans honte cette émotion dérangeante. Quitte à prendre le risque d’une récupération de cette colère artistique par le marcketing et la « ruse du marché ».


Cependant, la philosophe écrit que « la colère artistique semble, en dépit de tout filtre, toujours plus pure dans son expression que celle qui cherche l’électorat, l’écoute et les suffrages ». Nous avons évoqué cette question lors de notre entretien, et après divers échanges, nous avons convenu qu’un orateur politique, même insincère, peut permettre, par la mise en scène de la colère, au citoyen de se reconnaître dans cette colère et de l’exprimer à sa manière, alors qu’il n’aurait pas forcément considéré sa situation comme digne de légitimer sa colère.


LA COLÈRE, RES PUBLICA ?


Après l’enfance, l’art, la vitalité, la famille ou l’entreprise, Sophie Galabru s’intéresse également à la place de la colère dans la politique, discréditée et rendue illégitime comme une forme de complotisme ou comme source irrationnelle de désordre. S’appuyant sur des auteurs comme Maffesoli, Foucault ou Alain, l’essai maintient un cap cohérent en jugeant que la conflictualité permet au politique de trouver le commun de la communauté.


Cela suppose de comprendre la colère des autres, et exige une imagination suffisante, seule condition nécessaire pour accorder sa confiance à la colère d’autrui, source d’empathie :


« à force de ne pas interroger la colère, elle deviendra haine ; à force de ne pas entrer en débat, le conflit deviendra violence ».

L’entretien que nous eûmes fut l’occasion pour l’auteure du Visage de nos colères d’approfondir cette idée :


« Accepter la colère des autres est une démarche démocratique qu’on a de moins en moins la capacité de faire. On veut être dans l’époque de la paix à tout prix, avec tous les sacrifices que cela implique. On est prêts à penser que la vérité doit être une et incontestable. Alors que c’est une démarche démocratique et républicaine extrême que de vouloir comprendre les désaccords et les colères.

Notre république démocratique française est fondée sur un épisode de colère, de grande conflictualité et de grande violence. Il faut, pour qu’elle continue à vivre, qu’elle soit la rencontre des mésententes. Tant qu’il y aura des rapports de force, il y aura des heurts. Il faut les accepter pour vivre en commun ».


Ce chapitre est également l’occasion pour l’autrice de délivrer une vision particulièrement intéressante et équilibrée de la place accordée à la colère des femmes dans nos sociétés. En effet, dans un style convaincant, elle développe l’idée selon laquelle « priver une femme de sa force physique mais aussi de son agressivité vitale, entendue comme lutte avec les autres, épreuve de son corps au contact du réel, c’est désamorcer sa colère et faire que sa révolte même contre cette neutralisation demeure imaginaire ».

Enfin, la colère est présentée comme étant préférable au pardon, un « don irrationnel et mystérieux », dont l’effet est très souvent d’évacuer le problème, de le reporter, mais très rarement de le résoudre. Il est éminemment personnel et ne peut être délivré par des institutions ou un État : « n’est-il pas plus moral d’exiger la responsabilité plutôt que le repentir ? »


CONCLUSION COLÉRIQUE

Quel drame de devoir conclure cet article, tant le danger de délivrer des banalités est grand. Prenons le risque, et répétons que l’ouvrage de Sophie Galabru est un ouvrage philosophique d’une immense qualité, bien écrit, structuré et cohérent. Il permet au lecteur de réfléchir à son tour sur les notions abordées. Il dégèle l’inertie et déstabilise l’hypocrisie. Il se démarque en convoquant non seulement des sources philosophiques, mais aussi des références littéraires et cinématographiques passionnantes. Il enseigne à assumer nos colères, à ne pas les empêcher, tout en sachant à quel moment il est judicieux de se mettre en colère :


« Nous devrions aimer la colère, parce qu’elle est un art de vivre en commun sans rien perdre de soi ».



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