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Notre-Dame De Paris, Victor Hugo




Notre-Dame de Paris est un roman écrit par Victor Hugo, écrivain français du XIXème siècle, publié en 1831. Comme son nom l’indique, le personnage central de cette fresque historique est la célèbre cathédrale parisienne. Le roman raconte, vers la fin du moyen-âge, les aventures de plusieurs acteurs emblématiques du quartier de l’île de la cité, tous liés entre eux : un poète, une danseuse, un archidiacre, un capitaine, un sonneur de cloches, et une chèvre.


Dans cette chronique, je vais tâcher de vous convaincre en quoi les romans de Victor Hugo sont des merveilles, et en font le plus grand romancier de tous les temps. Il réunit tous les ingrédients constitutifs du roman parfait : des descriptions majestueuses et époustouflantes, une intrigue cohérente et palpitante, des personnages aux sentiments torturés et entraînés ensemble dans le tourbillon de la vie, et des messages politiques et philosophiques subtilement introduits.


Soyez prêts à entrer dans l’univers de Victor Hugo grâce aux Mémo’Art d’Adrien !


LA DESCRIPTION D’UNE « VASTE SYMPHONIE EN PIERRE »


Notre-Dame est l’œuvre « colossale d’un homme et d’un peuple », « la fantaisie de l’ouvrier disciplinée par le génie de l’artiste », « le produit prodigieux de la cotisation de toutes les forces d’une époque ». Je pourrais ainsi aligner de très nombreuses citations, mais ni vous ni moi n’aurions la force de les écrire me concernant, de les lire pour votre part. La chose est entendue : les deux chapitres du livre III (« Notre-Dame » et « Paris à vol d’oiseau ») constituent une œuvre d’art à part entière. Ils sont le panthéon des descriptions littéraires que chaque écrivain rêverait de voir sortir un jour de sa plume. Ils provoquent l’intimidation et l’admiration. Ils sont l’équivalent de la chapelle Sixtine pour un peintre, du David de Michel Ange pour un sculpteur, du gâteau basque pour un pâtissier, du coup droit de Federer pour un joueur de tennis.


Inutile que je n’en dise davantage. Je m’efface derrière le maître. Jugez-en plutôt par vous-même, puis allez lire ces deux chapitres, ils se lisent indépendamment de l’histoire, un atout considérable et récurrent dans l’œuvre de Hugo :


Notre-Dame de Paris est en particulier un curieux échantillon de cette variété. Chaque face, chaque pierre du vénérable monument est une page non seulement de l’histoire du pays, mais encore de l’histoire de la science et de l’art. Ainsi, pour n’indiquer ici que les détails principaux, tandis que la petite Porte-Rouge atteint presque aux limites des délicatesses gothiques du quinzième siècle, les piliers de la nef, par leur volume et leur gravité, reculent jusqu’à l’abbaye carlovingienne de Saint-Germain-des-Prés. On croirait qu’il y a six siècles entre cette porte et ces piliers.


UNE INTRIGUE RONDEMENT MENÉE


Comme dans ses autres romans, Victor Hugo réussit à développer une intrigue complexe, qui semble aller dans tous les sens, mais qui finit toujours par apparaître cohérente. Une fille perdue, une prisonnière au supplice, un triangle amoureux qui se transforme en un carré imparfait, des émeutes : tout ce charivari scénaristique s’illumine et se comprend au fil des pages. C’est une prouesse incroyable, qui devrait, pour cette unique raison, vous donner envie de le lire.


DES « DÉLIRES DE JOIE » AUX MISÈRES DE LA LAIDEUR : UNE PERCÉE DES BAS-FONDS DES SENTIMENTS HUMAINS


Victor Hugo est l’un des rares écrivains à savoir concilier, dans la même œuvre, une intrigue puissante, un tableau historique majeur et une description fascinante des sentiments humains. C’est à la fois Walter Scott et Dostoïevski. Les révélations de l’archidiacre quant à ses sentiments amoureux révèlent une torture psychologique interne immense. Le sentiment amoureux, « cette source de toute vertu chez l’homme, tournait en choses horribles dans un cœur de prêtre ».


Toutes ces années passées à se détourner des femmes sont brisées et la déchirure qui en résulte est inextricable :


Oh ! dit le prêtre, jeune fille, aie pitié de moi ! Tu te crois malheureuse, hélas ! hélas ! tu ne sais pas ce que c’est que le malheur. Oh ! aimer une femme ! être prêtre ! être haï !


Quasimodo doit quant à lui survivre dans un monde fasciné par la beauté, encombré par sa laideur, la pire de ses bosses. Sa douleur est telle qu’il en vient à se demander s’il n’eût pas mieux valu qu’il soit un animal, moins laid aux yeux des hommes :


Mon malheur, c’est que je ressemble encore trop à l’homme. Je voudrais être tout à fait une bête, comme cette chèvre


Même Esmeralda, au cœur immense et généreux, « ne pouvait s’accoutumer au pauvre sonneur », à cause de sa laideur.


Victor Hugo juge qu’il n’y a pas de juste milieu dans le mal, qu’on ne peut pas s’arrêter, une fois le mal commencé. Le passage où cette théorie est développée est saisissant, mais je ne peux en dire davantage, pour ne pas vous en gâcher la découverte :


Quand on fait le mal, il faut faire tout le mal. Démence de s’arrêter à un milieu dans le monstrueux ! L’extrémité du crime a des délires de joie.


« UN SOLEIL COUCHANT »


Notre-Dame de Paris est avant tout un roman historique, conformément à la mode du début du XIXème siècle. C’est un grand moment historique. Le lecteur a vraiment l’impression d’être en 1482, grâce à une retranscription de l’ambiance de l’époque unique dans la littérature.


Victor Hugo exalte la fin d’une époque où l’architecture régnait sur tous les autres arts. L’architecture était un langage universel, le seul langage de l’être humain, avant l’apparition des livres et leur diffusion grâce à l’imprimerie. Selon Hugo, l’architecture a été tuée par l’imprimerie, théorie qu’il développe, de manière convaincante, dans le chapitre intitulé « Ceci tuera cela ».


Le romancier n’y perçoit pas un progrès. Bien au contraire, il juge sévèrement la fin du moyen-âge, les évolutions désastreuses de l’art parisien, les emprises du temps et surtout des hommes sur les monuments. Son mépris envers les architectes de la renaissance est immense et, avouons-le, assez comique à lire. L’art « agonise », la renaissance est décrite comme une « décadence », un « soleil couchant ».


Ces propos haineux envers l’architecture néo-classique et tous les projets de restauration de l’art gothique font évidemment songer aux débats enflammés provoqués par l’incendie de la cathédrale en 2019 et les différents projets de restauration proposés. Victor Hugo a précédé Stéphane Bern dans sa défense du patrimoine et dans sa capacité à nous faire revivre une époque.


« C’EST CELA, PUNIR LE PEUPLE DE VOULOIR ET FAIRE CE QU'IL VEUT »


Cette phrase, trouvée dans le roman, prouve que Notre-Dame de Paris est également un livre par lequel l’auteur développe quelques-unes de ses idées politiques. Dans son roman, au-delà de l’intrigue et de ses pensées artistiques, Hugo dénonce à plusieurs reprises les privilèges et le comportement des puissants de l’époque, avec une résonance évidente avec l’époque à laquelle il écrit son livre.


A commencer par la justice. Hugo se moque des juges, les mettant en scène dans des procès qui ressemblent surtout à des farces. La satire est à son comble lorsqu’il introduit, afin de juger Quasimodo, un juge sourd et aveugle, « double condition sans laquelle il n’est pas de juge parfait ». Autre extrait tout aussi révélateur, les juges, forcés de suspendre la séance car l’accusée doit être torturée et qu’ils n’ont pas encore soupé, s’en plaignent en ces termes : « La fâcheuse et déplaisante drôlesse, dit un vieux juge, qui se fait donner la question quand on n’a pas soupé ! ».


L’écrivain, fidèle à l’un de ses plus grands combats, développe dans son récit des lignes sublimes pour dénoncer la peine de mort. Après avoir regretté qu’une exécution était un incident habituel de la voie publique, il en conclut, dans un soupir amer, que « le bourreau n’était qu’une espèce de boucher un peu plus foncé qu’un autre ».


Enfin, Victor Hugo s’attaque, avec une malice impertinente, aux personnages puissants de tous temps, et à leur capacité à se transformer allègrement en courtisans, lorsque la situation l’exige (Victor Hugo lui-même n’échappera pas à cette tendance à la courtisanerie !). Deux passages, à ce titre, m’ont marqué. En premier lieu, le romancier écrit que le roi, à force de voir des courtisans se jeter à ses pieds, est comme le Jupiter de Crète, il n’a « des oreilles qu’aux pieds ». En second lieu, Hugo décrit un seigneur qui « avait quitté l’expression arrogante pour l’expression basse. C’est le seul rechange qu’ait une figure de courtisan ».


Néanmoins, je ne peux pas m’empêcher de jouer à l’égard de Victor Hugo de la même malice et de la même impertinence dont il fait preuve à l’égard des autorités. Nous connaissons tous le Victor Hugo convaincu que c’est la société qui fait du voleur un voleur, qu’il ne vole que par nécessité, et qu’un voleur peut changer et rentrer dans le droit chemin. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris ce passage, vers la fin du roman :


Certes, en ce beau moment, cagoux et malingreux, archisuppôts et rifodés, songeaient beaucoup moins à la délivrance de l’égyptienne qu’au pillage de Notre-Dame. Nous croirions même volontiers que pour bon nombre d’entre eux la Esmeralda n’était qu’un prétexte, si des voleurs avaient besoin de prétextes.


CONCLUSION


J’espère vous avoir donné envie de lire Notre-Dame de Paris. Les 600 pages se succèdent très rapidement. C’est un livre tragique et comique à la fois. C’est un roman historique qui remplit parfaitement son rôle. C’est un mélange de Secrets d’histoire et de Christopher Nolan. La découverte d’une époque de notre histoire et une intrigue complexe et cohérente dans son final (ce n’est peut-être pas Christopher Nolan dans ce cas…). Pourquoi Victor Hugo est-il le meilleur ? Parce que, chez n’importe qui d’autre, le passage suivant se serait transformé en un clin d’œil grotesque et surréaliste. Chez lui, c’est d’un génial ! Louis XI, apprenant le début d’émeutes dans Paris, s’écrit, songeant à la Bastille :

N’est-ce pas que tu ne crouleras pas si aisément, ma bonne Bastille ?


Pour aller plus loin avec Notre-Dame de Paris


J’aurais pu vous conseiller l’un des nombreux films ayant adapté l’œuvre de Victor Hugo, ou la comédie musicale l’ayant mise à l’honneur, mais je vous propose plutôt de voir (ou revoir) Le Bossu de Notre-Dame, de Walt Disney Compagnie, sorti en 1996. J’étais un enfant lorsque je le vis pour la première fois. Je l’ai revu pour les besoins de cet article. Le plaisir n’a pas changé, mais il est très intéressant de voir que l’ambiance est radicalement différente entre le livre et le dessin animé, et cela va au-delà des nécessités d’une adaptation pour un public jeune. C’est, selon moi, révélateur d’une époque différente (un siècle et demi de différence) et d’une culture différente (un océan atlantique de différence).


Pour aller plus loin avec Victor Hugo


Victor Hugo rime naturellement avec Les Misérables. C’est, je crois, LE ROMAN par excellence. Le plus grand, le plus épique, le plus beau, le plus époustouflant. Cosette, Gavroche, Jean Valjean, la morne plaine de Waterloo, « la faute à Voltaire », les Taverniers, etc. La culture française doit tant à ce roman, pour le meilleur et pour le pire. L’œuvre est si immense qu’une chronique sur ce blog paraitrait ridicule et présomptueuse. Si vous ne l’avez pas encore lu, de grâce, remédiez-y, pauvres fous ! Ce n’est pas un conseil, c’est une nécessité.


Je vous conseillerais plutôt un autre roman de Victor Hugo, moins connu, et qui devait intégrer une trilogie sur la Révolution, qui n’a pas abouti : Quatrevingt-Treize. C’est le dernier roman de l’artiste, et il met en scène les terribles évènements de la Vendée durant la Terreur, à travers des conflits politiques et familiaux. L’écriture est toujours aussi belle et envolée. Il faut cependant avertir le lecteur qui pourra être surpris, voire dérouté, d’y lire un Victor Hugo légitimant les agissements sanglants des forces révolutionnaires en Vendée. Selon lui, les crimes révolutionnaires ne constituent que des répliques exactes des crimes vendéens. L’histoire, depuis, ne lui a pas forcément donné raison sur ce point.




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